Ce que les institutions internationales appellent «investissements internationaux dans l'agriculture», les ONG le nomment «accaparement des terres», annonçant leur condamnation d'une pratique qui connaît depuis quelques années un développement exponentiel. Dans l'Antiquité, cet accaparement était un abus bien défini, pratiqué par exemple par les sénateurs romains au IIe siècle avant notre ère, qui suscitait révoltes et, parfois, réformes. Aujourd'hui, le mot prend un autre sens.
Instable. Depuis 2008, plus de 40 millions d'hectares ont été achetés ou pris à bail par des investisseurs étrangers, alors que la moyenne annuelle s'élevait jusqu'alors à 4 millions. La Banque mondiale a consacré à ce sujet un imposant rapport de plus de 200 pages paru en septembre. Les causes de cette explosion sont bien connues : la crise alimentaire de 2007 a fait découvrir à bien des pays que leur sécurité alimentaire n'était pas assurée. Ils ont alors entrepris d'externaliser une partie de leur production agricole pour faire face à leurs besoins. La crise financière de 2008 a accéléré le processus. Dans un contexte d'instabilité financière, de niveau élevé des prix agricoles et de raréfaction des terres fertiles, l'achat de terres agricoles apparaît comme un investissement prometteur à moyen terme. Le développement des agrocarburants contribue à exciter l'appétit des investisseurs.
Les acteurs sont nombreux : les Etats qui cherchent à contrôler leur approvisionnement,