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portrait

Café grand-père

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Francisco Van der Hoff. Ce prêtre néerlandais installé au Mexique a fondé Max Havelaar, devenu la référence du commerce équitable.
publié le 5 novembre 2010 à 0h00

C'est un prêtre qui parle plus des hommes que de Dieu, un Néerlandais qui s'exprime en espagnol, un docteur en économie qui vit dans la pauvreté depuis trente ans dans la sierra mexicaine avec les Indiens, un caféiculteur qui a fondé il y a vingt ans le label devenu référence Max Havelaar «pour que sa mère puisse acheter le café que nous produisons». A 71 ans, Francisco Van der Hoff cultive toujours un demi-hectare d'arabica bio dans son village de Buenavista, au sud du Mexique. Il s'est lancé dans la tomate sous serre. Diminué après une lourde opération au printemps (il estime avoir perdu «30% d'énergie»), il se consacre davantage à l'écriture. Il vient de publier en France un petit ouvrage où il livre sa vision de la crise mondiale, à la lumière d'un demi-siècle de combat auprès des plus démunis. Dès le préambule de ce Manifeste des pauvres, il met les choses au point : «Nous n'allons pas créer un paradis sur terre, mais ne vaut-il pas mieux rêver éveillé que de continuer à accepter l'exploitation dans l'obscurité ?»

Ce n'est en effet pas lui qui vendra à ses ouailles un salut venu d'en haut : «Je ne crois pas aux miracles, encore moins aux promesses.» D'ailleurs, le docteur en théologie, membre de la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus, se veut modeste : «Les gens pensent que quand vous êtes prêtre, vous êtes un spécialiste de Dieu, mais je ne suis qu'un citoyen comme les autres.» Plus à l'aise en jean et chemise, il cé