Kumi Naidoo a une certaine idée de lui-même, un regard acéré sur la stratégie de Greenpeace et un œil radical sur le devenir de la planète. A l'écouter deviser, face à un sandwich - végétarien -, on devine que le directeur exécutif de l'ONG a de l'avenir. Plus que la conférence de Cancún aux accents nihilistes dont ce Sud-Africain tente de défendre la raison d'être. «On peut verser dans le pessimisme, mais au moins, ici, on tente de faire avancer les choses. Parvenir à un consensus sur des enjeux qui vont déterminer l'avenir de l'humanité n'a rien d'évident.» Deux heures plus tôt, lors d'un débat sur les réfugiés climatiques, le langage était moins policé. «Il faut intensifier les mouvements de désobéissance civile, tonnait-il. La colère est telle qu'elle peut se transformer en violence incontrôlable.» Et Kumi Naidoo de clamer, en ancien militant anti-apartheid : «S'il le faut, face à cet échec absolu de leadership politique, j'irai en prison pour défendre cette cause. Je suis prêt à mettre ma vie en jeu face à une telle injustice.»
Premier Africain - et premier non-Nordiste - à diriger l'ONG, il est aussi le premier à ancrer le virage sudiste de Greenpeace, ONG du Nord par naissance et par essence. Une tendance à la désoccidentalisation : l'autre grande ONG écolo, les Amis de la Terre, a porté à sa tête un Nigérian bien avant l'association au Zodiac. «Greenpeace doit changer, dit-il. On doit se développer en Chine, en Inde, en