DDay, en langage négociateur. Jour J donc. Aujourd'hui doit s'achever le 16e sommet climat de Cancún. L'occasion d'une petite immersion impressionniste : saynètes de la vie ordinaire d'une conférence internationale censée déboucher sur de l'extraordinaire.
L’Afrique, réveil et tutelle
Un café et deux casse-croûte engloutis entre trois réunions en quatre heures. Le chef de la délégation nigériane s'accorde un break avec son alter ego béninois. «Marre de cette diplomatie de l'escargot», s'esclaffe-t-il. Puis reprend : «J'étais un trotskiste invétéré, je suis un révolutionnaire pro-marchés. Il faut les attirer par la demande. Arrêtons avec les taxes internationales, un doux rêve.» - «Ah bon, parce que les marchés ont la clé ? T'as raté la crise financière ou quoi», rétorque le Béninois. Arrive un diplomate sud-africain : «Y en a marre de cette armée de négociateurs professionnels déconnectés du terrain. Ils passeraient des mois à se battre pour déplacer une virgule…» Ce n'est pas le genre d'Evans Njewa. Ce chef de la délégation du Malawi qui préside le groupe des Pays les moins avancés vient de terminer le débriefing de sa troupe : 35 personnes. Pas mal. «La plupart viennent de la société civile, se justifie-t-il. Sans eux, on est mort. Le changement climatique ? Un drame pour notre pays qui dépend à 80% de l'agriculture.» Les tractations ? «On se démerde seul, pas comme d'autres qui paient des