A la veille du Salon de l’agriculture, la nouvelle est du plus mauvais effet : le Conseil d’Etat a annulé hier les autorisations de mise sur le marché (AMM) délivrées en 2008 et 2009 par le ministère de l’Agriculture pour le Cruiser. Cet insecticide, fabriqué par le groupe suisse Syngenta, appartient à cette génération de produits phytosanitaires qu’on n’a plus besoin de pulvériser car ils enrobent la semence de maïs. Des insecticides accusés de contribuer à la surmortalité des abeilles. Le Cruiser est d’ailleurs le successeur des Gaucho et Regent, dont l’Union nationale des apiculteurs français (Unaf) a obtenu l’interdiction.
«Pertinence». Selon le Conseil d'Etat, «la méthode d'évaluation du risque utilisée par l'Afssa [Agence française de sécurité sanitaire et alimentaire, ndlr] n'a pas été conforme à la réglementation européenne», découlant de la directive 91-144. «L'Afssa a refusé d'appliquer la méthode préconisée, dont elle a nié la pertinence, précise Me Bernard Fau, avocat de l'Unaf, comme elle l'avait déjà fait pour le Gaucho et le Regent.»
La méthode imposée par la réglementation européenne nécessite une longue période d'évaluation, portant sur les effets à court et à long termes. Elle exige de mettre en évidence «concrètement» l'absence d'«effets inacceptables». «C'est une méthode plus contraignante, souligne l'avocat, adaptée à ces produits très toxiques pour l'environnement.»Le Conseil d'Etat