A Chabris, dans l'Indre, Etienne Roger, 29 ans, a le bec dans l'eau. Depuis le milieu des années 2000, il travaille sur un projet de porcherie bio dotée de 50 truies et de 400 porcelets. Son père, Bernard, céréalier de métier, lui a cédé 40 hectares qu'il avait préalablement convertis à l'agriculture biologique pour que les desseins du fiston prennent forme : «Si mon père avait utilisé des pesticides, je n'aurais jamais pu obtenir le label "bio"», raconte Etienne, qui a racheté aussi 25 hectares à proximité du domaine familial. Au total, il a déboursé 130 000 euros. «Comme mon père me prête ses champs pour l'épandage, il me restait les bêtes à acheter et un bâtiment agricole à construire. Il me vendra ensuite ses récoltes pour nourrir les animaux, et il me fournira la paille.»
Malgré son label «bio», cet élevage porcin n'est pas du goût de tout le monde. Alors que tout semblait ficelé - dossier déposé à la chambre d'agriculture et à la préfecture, demande de permis de construire validée en juin par la commune -, un industriel voisin, spécialisé dans les plastiques alimentaires, a déposé un recours devant le tribunal administratif pour bloquer la construction du hangar d'engraissement «au prétexte de risques environnementaux et sanitaires». Un coup dur pour ce jeune agriculteur, titulaire d'un BTS en élevage animal, qui reçoit le soutien de la filière porcine, de Génération Ecologie et de 1 800 personnes signataires d'une pétition sur la Toile. Cet é