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Libération
REPORTAGE de nos envoyés spéciaux

A Iwaki, sous la menace de l’atome

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Fatalisme et résignation règnent sur cette ville à 45 kilomètres de la centrale de Fukushima.
publié le 13 avril 2011 à 0h00

C'est une peur fantôme, une peur poisseuse, une peur qui colle. Une frousse qui semble minéraliser la bouche ; et plomber les nuits sans sommeil. «La peur nucléaire», lâche Akira Yamanobe. Masque sur la bouche, voilà ce pompier occupé à brosser une bâche bleu azur. Il est 14 h 14, hier, à Iwaki, treizième ville du Japon, à 45 km au sud de la centrale Fukushima. On lui parle alors de la menace fantôme, de la menace atome. Soudain, le sol vibre, chancelle, se dérobe sous ses pieds, comme un tapis roulant emprunté en sens inverse. «Attention», hurle-t-il, avant de se réfugier sous le hangar où s'alignent des camions si lustrés qu'ils paraissent, tels des jouets inutiles, sortis d'une devanture de magasin. Un nouveau séisme de force 6 vient de frapper. La ville se fige. Pas de cris. Juste un souffle retenu, une parenthèse désenchantée de plus. «Il faut déclencher l'alerte au tsunami !», lance, en courant (et en s'excusant), Akira.

«Terrifiant». La même habitude, le même fatalisme, irrigue la ville. Plus tard, dans les locaux régionaux décatis de la chaîne NHK, d'autres secousses viennent rappeler le traumatisme du 11 mars. «Ça, c'est du 4», dit l'un de ses vieux routiers, habitué. Vrai. «Mais ça va, ça va, on va surmonter. Comme la catastrophe atomique.» Vraiment ? Les secousses peuvent user. Mais l'essentiel est ailleurs. Invisible pour les yeux, pour l'odeur : la centrale de Fukushima. Ses réacteurs à l'agonie pointe