Menu
Libération
Reportage

Un an après, la Louisiane reste dans le noir

Article réservé aux abonnés
Alors que BP n’a pas fini d’indemniser les victimes de la catastrophe du 20 avril 2010 dans le golfe du Mexique, pêcheurs, scientifiques et universitaires livrent des visions divergentes sur les conséquences économiques et écologiques.
Un homme prend des échantillons à Barataria Bay pour évaluer si les lieux doivent encore être nettoyés du pétrole répandu il y a un an. (Sean Gardner / Reuters)
publié le 19 avril 2011 à 0h00

Sur une dizaine de mètres de profondeur, les herbes sont couchées, engluées de pétrole. Aux premiers rangs, la verdure a même disparu, et la côte avec elle : le bateau peut s'avancer sur les moignons de plantes qui seront bientôt emportés par les flots, avec leurs gangues de pétrole. Un an après la marée noire déclenchée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon, le 20 avril 2010 au large de la Louisiane, ce qu'on peut voir dans la baie Jimmy, une soixantaine de kilomètres au sud de La Nouvelle-Orléans, est encore pire que ce qui apparaissait juste après la catastrophe. «J'ai découvert le pétrole ici pour la première fois en juin,tandis que je pêchais dans le coin, raconte le capitaine Zach Mouton, qui nous a emmenés avec son petit bateau de pêche et une équipe du Gulf Restoration Network, une organisation de défense de l'environnement. A l'époque, on pouvait penser que la végétation résisterait. Maintenant, les herbes sont mortes, et ce sont elles qui retenaient la terre. L'an prochain, tout ce banc de terre aura disparu.»

De loin, car nous ne sommes pas autorisés à approcher, on aperçoit une équipe de nettoyeurs qui semblent ratisser un petit bout de la côte avec une grande herse. «A chaque fois, on les voit tenter quelque chose de différent, explique Jonathan Henderson, militant du Gulf Restoration Network. On les a aperçus racler l'herbe, tenter d'aspirer ou d'éponger le pétrole… Mais on ne voit pas les armées de n