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Libération

Contre les papillons, des vignerons bordelais sèment la «confusion sexuelle»

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publié le 28 avril 2011 à 0h00

Terminé l’épandage massif de pesticides, en combinaison intégrale, deux fois par an. Onze châteaux de l’appellation Pomerol dans le Bordelais viennent de s’associer pour mettre en place une méthode beaucoup plus écologique de lutte contre les papillons nuisibles. Elle est joliment baptisée «confusion sexuelle», et permet de combattre la tordeuse de la grappe, une chenille qui ravage les vignes.

«Ce procédé s'appuie sur le principe que les insectes communiquent entre eux par phéromones», explique Denis Thierry, directeur de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Bordeaux et concepteur de la méthode. «Pour créer la confusion sexuelle, on sature donc l'air ambiant avec une phéromone femelle, ce qui attire tous les mâles des alentours. Mais comme ils ne trouvent pas de femelles pour s'accoupler, ils s'épuisent, et meurent.» Ces phéromones sont distillées dans l'environnement par de petits diffuseurs, des capsules de deux centimètres de long installées dans les rangées de vignes, une tous les cinq ou six ceps.

Une fois mis en place, le système agit durant toute la saison, du printemps jusqu'aux vendanges. A l'origine du projet, Aurélie Carreau, la directrice technique du château Beausoleil, a dû convaincre ses voisins de la suivre pour pouvoir utiliser cette méthode. «La confusion sexuelle n'est efficace que sur de grandes surfaces. Le problème, c'est qu'en Pomerol nous avons beaucoup de petites propriétés très morcelées»,