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Tchernollywood

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Pour la première fois des films ont été tournés cette année à l’ombre de la centrale, «personnage» de trois histoires intimistes.
publié le 29 avril 2011 à 0h00

Les gardes vérifient à peine les passeports, la barrière se lève et le vieux minibus s'enfonce dans la «zone interdite» de Tchernobyl, un anneau de 30 kilomètres autour de la centrale. Il est encore tôt, et la petite équipe du film français la Terre outragée de Michale Boganim, alors en tournage en plein mois de février, se prépare à affronter le froid mordant de l'hiver ukrainien. Le véhicule s'arrête à Pripiat, ville fantôme depuis l'évacuation de ses 44 000 habitants quelques jours après l'explosion du réacteur numéro 4, le 26 avril 1986.

L'équipe s'apprête à pénétrer dans l'un des «décors» du film : l'ancienne école de la ville, rongée par le temps, envahie par la végétation. Mais l'un des gardes prend prestement les devants, sonde le sol contaminé et mesure le taux de radiation. Verdict : deux heures de tournage, pas une de plus, et interdiction de s'éloigner. «On a des consignes précises pour tout, confirme Inès de La Bévière, première assistante de réalisation. On n'a pas le droit de boire ou de manger dans la zone, de poser des choses au sol sans bâche de protection, de gratter la terre, et on se balade tout le temps avec un type qui a un dosimètre et qui nous dit : "Là on peut rester trois heures, là on peut rester six heures." Et c'est variable à un mètre près.»

Le réacteur plane tel un spectre

Avant de s'envoler pour l'Ukraine, tous ont fait des examens à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) à Paris et chacun porte au creux de la poche un appareil q