«Have a good trip», disent les anglophones pour vous souhaiter un bon voyage. Mettez bad devant trip, et nous voilà en toute autre compagnie, celle des toxicomanes en «mauvais délire». C'est pourtant bien encore de voyage qu'il s'agit, et les accros aux trips artificiels savent aussi gagner leurs paradis. Les arts et les lettres élisent bien souvent le voyage pour muse. Comme les sciences qui, avec les explorateurs, cultivent le génie du voyage autrement qu'en touriste. Lequel, s'il fuit l'ethnocentrisme, savoure l'ivresse de l'étranger.
«Le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page»,disait saint Augustin. Sans doute, mais l'évasion par le livre, c'est épatant. Pour preuve le succès du salon annuel des Etonnants Voyageurs à Saint-Malo. A ne pas confondre avec le voyage virtuel. Et voilà les ricanements des trekkers et autres routards, fans du trip spartiate : voyager par écran, quelle foutaise, quelle paresse ! Grave erreur, la leçon, et il faudra s'y habituer, vient encore d'internautes fantaisistes. Le tour du monde sur Google Earth est un exploit technologique, mais surtout une prouesse poétique, et disons-le, planante. Plus question de «Terre vue du ciel», concept esthétique rebattu et décidément dépassé. Avec la planète vue des satellites, les proportions, sidérales, laissent rêveurs.
En 1976, des astronautes constataient que la Terre est moche : elle ressemble à une patate. Rien de grave, elle tourne toujo