Olivier Isnard, spécialiste en radio-écologie et radioprotection, a été envoyé par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire au Japon peu après le séisme. Il a conseillé l’ambassade de France et noué des contacts avec ses homologues japonais, transmis de précieuses informations. De retour, il nous parle surtout de la protection des populations.
Où en est la crise nucléaire de Fukushima Daichi en termes de protection des populations ?
A ce stade, ce n’est plus une situation d’urgence comme celle qui prévalait lors de l’évacuation des populations vivant autour de la centrale. Mais une contamination dont on estime qu’elle ne va pas s’aggraver du fait de nouvelles émissions et qu’il faut affronter avec des dispositions permettant d’en minimiser les conséquences.
Quelles dispositions ?
La CIPR (Commission internationale de protection radiologique) propose des valeurs guides pour gérer ce genre de situation. Le niveau de référence pour l’exposition des populations se situe entre 1 millisievert par an (mS/an) - celui admis pour une installation nucléaire en fonctionnement - et 20 mS/an. L’objectif consiste donc à ne pas dépasser les 20 mS/an, puis à se rapprocher de 1 avec des mesures de décontamination.
Cette valeur de 20 mS/an a provoqué la démission spectaculaire d’un scientifique conseiller du Premier ministre japonais…
L’exposition est une agression radiologique, mais il n’y a pas de changement de régime de risque connu entre 1 et 20 mS/an. Il n’y a pas un effet de seuil sanitaire à 20 millisieverts, ni d’observation de risque de cancer accru. Cette dernière valeur est d’ailleurs celle que certaines populations connaissent toute leur vie du fait de la radioactivité naturelle qui peut même aller jusqu