La pêche en eaux profondes est l’une des plus destructrices : les chaluts ratissent les fonds marins, détruisent écosystèmes et organismes vivants (comme les récifs coralliens), et déciment les populations de poissons des abysses. Coordonnateur pour la Commission européenne du programme de recherche sur l’impact environnemental de la pêche profonde, Phil Weaver (université de Southampton) a présenté hier à Paris les résultats de l’exploration menée en 2005 dans l’Atlantique nord-est (1). Extraits.
Depuis cinquante ans, explique Phil Weaver, l'industrie de la pêche, confrontée à l'épuisement des stocks de poissons de surface, s'est tournée vers les profondeurs (au-delà de 500 m). L'activité est pratiquée par une flotte mondiale de 285 navires seulement, et par dix pays dont la Nouvelle-Zélande, la Russie, l'Espagne et la France. Elle reste modeste au regard de la pêche globale : 450 millions d'euros au niveau mondial contre 55 à 60 milliards d'euros. Mais elle a pourtant un «très fort impact écologique», explique le chercheur : «Dans les eaux européennes, 30 à 50 % des récifs coralliens sont déjà détruits.»
Les espèces des profondeurs sont particulièrement vulnérables : d'une grande longévité, elles ne se reproduisent pas rapidement. «Entre 1975 et 1999, les prises de poissons profonds ont baissé très rapidement», constate Phil Weaver, ce qui signe le déclin des stocks. «On comptait 25 000 individus au km2 avant le début de la pêche pro