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Analyse

Nucléaire, la fuite dans l’éternité

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Dans son documentaire «Into Eternity», Michael Madsen se penche sur les enjeux du projet Onkalo, qui vise à stocker sous terre, en Finlande, des déchets radioactifs durant cent mille ans…

Publié le 18/05/2011 à 0h00

C'est un film déroutant, troublant, épuisant. Il convoque nos esprits dans une gymnastique mentale que peu de monde pratique : la plongée dans le temps profond, lointain, inhumainement lointain, à horizon de 100 000 ans au moins. Mille siècles ! Le documentaire Into Eternity est consacré au futur site de stockage géologique des déchets nucléaires finlandais. Dit comme ça, ça n'a rien d'extraordinaire. Sauf que si, ça l'est. Le réalisateur danois Michael Madsen nous le prouve magistralement. Il y a quelque chose de 2001, l'Odyssée de l'espace dans son film. L'esthétique - images léchées, planantes et poétiques, atmosphère crépusculaire. La bande-son qui vous fiche des frissons - mention spéciale à la Valse triste de Jean Sibelius. Et puis, surtout, la profondeur, propice au grand remue-méninges. A un vertige d'autant plus glaçant qu'il ne s'agit pas de SF.

Reliefs. Ces déchets, l'homme les a déjà produits en masse, environ 250 000 à 300 000 tonnes, en une poignée de décennies. Ils restent dangereux pendant au moins cent mille ans, certaines matières étant actives plusieurs dizaines de millions d'années. Là, on commence à défaillir. Imaginer ce que représente une telle durée, sachant que les pyramides, si lointaines, affichent à peine 4 500 ans, dépasse l'entendement. Or que fait-on, exactement, de ces encombrants reliefs de notre voracité énergétique ? On bricole. On les stocke dans autant de piscines qu'il existe de réacteurs (envir