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interview

«S'accrocher au nucléaire, une erreur stratégique»

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L'ex-ministre de l'environnement Corinne Lepage dénonce la politique de la France.
Corinne Lepage. (© AFP Mychele Daniau)
publié le 13 juin 2011 à 21h46
(mis à jour le 14 juin 2011 à 10h15)
[Ceci est la version longue d'un article paru dans l'édition papier de Libération le 14 juin 2011.]

Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement, députée européenne et avocate spécialisée dans les domaines de l'énergie et de l'environnement, vient de publier « La vérité sur le nucléaire », chez Albin Michel. Selon elle, le débat sur la sortie du nucléaire doit surtout être abordé sous un angle industriel, économique et social. Explications.

Vous dites que Fukushima et ses conséquences -l'abandon du nucléaire par l'Allemagne, la Suisse et désormais l'Italie-, représentent un « séisme » potentiel pour la France, que le nucléaire pourrait devenir un « handicap redoutable», un « naufrage économique et industriel»... Vous y allez très fort.

Pas tant que cela. Cela donne un gros coup de bambou à une industrie qui était déjà en difficulté. Regardez la situation financière d'Areva. Elle est catastrophique. Son coeur de métier, le retraitement des déchets nucléaires, se porte très mal : il n'y a plus aucun contrat ! Cette activité perdure uniquement parce que l'Etat impose à EDF de faire retraiter ses déchets à La Hague. La construction de réacteurs ne se porte pas mieux. En Finlande, le chantier de l'EPR a pris quatre ans de retard et devrait coûter 6 milliards d'euros au lieu des 3 milliards prévus. La vérité, c'est qu'Areva ne vend pas de centrales. Et les deux qui ont été vendues en Chine le sont dans le cadre d'une société commune dans laquelle Areva est minoritaire, avec les risques  que l'on connaît en matière de transfert de techno