En visitant le musée national d'Ecosse, on peut observer le corps naturalisé de la brebis la plus célèbre du monde : Dolly. Posée dans sa vitrine avec des brins de paille et quelques excréments, elle tourne la tête vers nous, sans vraiment nous regarder. La légende qui accompagne le dispositif nous apprend qu'elle est née le 5 juillet 1996 et qu'il s'agit du premier mammifère à avoir été cloné à partir d'une cellule adulte : un embryon a été constitué à partir d'un noyau cellulaire et d'un ovule énucléé. Dolly prouve qu'une reproduction se passant de la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde et transmettant quasiment sans modification les gênes d'un individu est possible. Euthanasiée le 14 février 2003, à cause d'une maladie pulmonaire, son corps est donné au musée afin «d'être préservé pour les générations futures».
Grenouilles. Si le clonage de Dolly a eu un tel retentissement, c'est bien parce qu'il s'agit d'un mammifère : elle est comme nous. La même expérience réussie sur des grenouilles ou une carpe près de trente auparavant en Chine et aux Etats-Unis laisse le grand public totalement indifférent, tant il est difficile de concevoir notre proximité avec des poissons et des batraciens. Au contraire, alors que les recherches d'Ian Wilmut et Keith Campbell avec Dolly portent sur la façon de produire moins cher des animaux transgéniques aux qualités choisies, la presse et l'opinion en retirent autre chose : l'imminence du clonage chez les humai