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Libération
Reportage

Les producteurs de pêches refusent de mourir en cagette

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Pris à la gorge, une trentaine d’arboriculteurs français ont débarqué hier à Rungis et au ministère pour dénoncer la concurrence étrangère.
publié le 8 juillet 2011 à 0h00

«Acause de ce que vous faîtes, on va tous crever.» Grosse prise de bec hier à Rungis, où une trentaine de producteurs de pêches a débarqué à 5 heures du matin, le tract à la main et la mine chafouine, pour sermonner les grossistes. Suivis par quelques caméras, ils les accusent de poursuivre des pratiques devenues illégales depuis le vote de la loi de modernisation agricole (LMA), en 2010. Et de leur rendre la vie impossible. Dans les interminables entrepôts de Rungis, les camions vomissent sans relâche leurs cargaisons venues du monde entier. Les pommes de Nouvelle-Zélande finissent de mûrir à côté des bananes de Guadeloupe et des pêches espagnoles. Devant un dock de réception, les producteurs du Roussillon, du Gard et des Pyrénées-Orientales pensent avoir repéré des camions frauduleux, «sans destinataire, ni prix».

«Inapplicable». De quoi s'agit-il ? De camions partis de la station de production sans bon de commande. Supposés hors-la-loi. Car le fameux bon de commande est obligatoire depuis l'adoption de la LMA. Et il doit mentionner le nom des parties, leur adresse, la date de la commande, la quantité, le prix et la dénomination précise des produits. Or, quand ces camions sans destinataire arrivent à Rungis, leur chargement doit être écoulé. «Pour des raisons de coûts de transport, on ne va pas renvoyer la marchandise, confirme-t-on au ministère de l'Agriculture. Comme ces chargements sont automatiquement bradés, ils influent