Sols pauvres, vents froids, relief accidenté et surtout éloignement des grands axes de circulation… Malgré ses coteaux verdoyants et ses villages aux belles maisons de pierre, le pays du Mené, au cœur des Côtes-d'Armor, a longtemps cumulé les handicaps. «Dès les années 70, Paul Houée, prêtre, sociologue et chercheur à l'Institut national de recherche agronomique [Inra], avait mesuré toute la fragilité de ce territoire et nous avait mis en garde, se souvient Jacky Aignel, maire de Saint-Gouéno et vice-président de la communauté de communes (1). Si on ne se prenait pas en main, ce pays allait mourir.» L'avertissement n'est pas resté lettre morte : quarante ans plus tard, le pays du Mené est devenu un cas unique en France en matière d'énergies renouvelables. Avec un objectif ambitieux : parvenir à une autonomie énergétique totale d'ici à 2030. Une sortie du nucléaire locale, en somme.
Méthanisation. Chaudières à bois, huilerie pour remplacer le gasoil ou usine de méthanisation pour traiter les lisiers des élevages, les réalisations se sont multipliées ces dernières années. Et 1 000 projets sont dans les cartons. «Le point de départ a été le salon des fourrages organisé en 1995 à Plessala, où ont été accueillies 43 000 personnes, raconte Dominique Rocaboy, agriculteur et PDG de l'usine de méthanisation Géotexia, inaugurée en juin. Sur trois jours, des ateliers ont permis de réfléchir sur l'eau, l'énergie, les rapports nord-sud. Les