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Libération
Reportage

Fessenheim, la doyenne qui ne dort jamais

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Inspection, réfection… La plus vieille centrale de France, pourtant à l’arrêt, est en pleine effervescence.
publié le 30 août 2011 à 0h00

François Fillon a visité la centrale du Bugey (lire ci-contre), mais il aurait pu tout autant honorer de sa présence sa jumelle alsacienne, la centrale de Fessenheim, la doyenne du parc nucléaire français, la plus controversée mais aussi, peut-être, la plus surveillée. En se promenant à Fessenheim, le Premier ministre aurait pu admirer les entrailles de ses deux réacteurs à l’arrêt, car la centrale ne produit actuellement aucune électricité. Perdu au milieu des champs de maïs, le site subit simultanément trois opérations essentielles : le rechargement du combustible du réacteur 1, qui survient, comme partout, tous les quatorze mois ; la visite décennale du réacteur 2, une inspection complète, opérée tous les dix ans par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), et qui détermine si le réacteur peut, ou ne peut pas, fonctionner dix ans de plus ; et, pour finir, le changement des trois générateurs de vapeur du réacteur 2. Dans cet état de paralysie générale, Fessenheim pourrait faire l’effet d’une belle endormie semblable à celles du maître japonais Kawabata. Mais il n’en est rien, car une centrale qui ne produit aucune électricité ressemble à tout, sauf à une centrale assoupie.

Quand les deux réacteurs fonctionnent normalement, le site accueille 900 travailleurs. En ce moment, c’est plus du double. En témoignent le parking débordant de voitures garées en épi, les bus qui font la navette, les préfabriqués qui s’entassent, et la cantine, qui a fait appel à un traiteur local pour sust