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Libération
Récit

Méditerranée : l’algue se retire

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Caulerpa taxifolia, échappée du musée de Monaco et qui devait étouffer toute vie marine dans les années 90, serait en forte régression. Un recul inexpliqué.
publié le 20 septembre 2011 à 0h00

Cela ressemble à une bonne nouvelle et il n'y en a pas tant que cela sur le front de la biodiversité : l'algue tueuse, l'envahisseur qui asphyxiait la Méditerranée sous une épaisse moquette vert fluo, la Caulerpa taxifolia, qui a tant fait couler d'encre dans les années 90, est en régression. «80% des zones envahies ne sont plus colonisées aujourd'hui», se réjouit Alexandre Meinesz, professeur de biologie marine, directeur du laboratoire EcoMer à l'université de Sofia-Antipolis. Spécialiste de Caulerpa taxifolia - il lui a consacré une thèse en 1980, un livre en 1997 (1) et dédié un laboratoire de recherche -, c'est lui qui, en 1991, a alerté la communauté internationale sur cette invasion biologique.

L'algue est repérée pour la première fois en 1984 sous les fenêtres du Musée océanographique de Monaco, où elle occupe alors 1 m2. C'est probablement par le système de rejet des eaux que l'algue s'est retrouvée en pleine mer. En 1989, lorsqu'Alexandre Meinesz plonge pour l'identifier, l'algue a déjà colonisé 1 hectare. Il est atterré. «Je n'avais jamais vu ça. En mer tropicale, elle se présente en échantillons épars. Là, j'en ai découvert une énorme quantité, un tapis dense. Surtout, cette caulerpe tropicale avait résisté à l'hiver.»

«Moquette». L'algue se présente sous la forme d'axes rampants (d'où Caulerpa) qui ressemblent à des stolons de fraisiers et elle développe des frondes vert fluo évoquant des feuilles d'if (taxifolia). Ell