L’entrée en vendanges - après les inquiétudes d’un été mouillé en France - est une heure de vérité pour les vignerons qui prennent connaissance de la qualité et de la quantité du millésime, après huit à neuf mois de travaux et de soins. Chaque vignoble vit différemment ce moment décisif : les traditions, les techniques, et aussi les terroirs dans leurs climats particuliers déclinent sur leurs coteaux des styles variés.
Nous entrons ici en vendanges dans un périmètre restreint, les 50 hectares des Côtes de La Charité-sur-Loire, entre le fleuve et la forêt. En suivant la nationale 7, et bien avant «les faubourgs de Valence» chantés par Trenet, et après avoir passé en revue les horizons de Sancerre et les vignes de Pouilly, l'explorateur découvre le site de La Charité. Ce haut lieu de l'art roman, cousin ligérien de Cluny, fut le siège d'un vignoble réputé, encadré par une grande abbaye. Avec des coteaux propices, des moines compétents et un fleuve coulant vers les marchés septentrionaux, l'équation viticole a fonctionné pendant des siècles. Puis la dispersion des moines, la course aux rendements et l'arrivée du phylloxera ont eu raison de l'ancien vignoble. Depuis trois décennies, on assiste à sa renaissance et, à sa reconnaissance. Chaque vendange vient confirmer ce pari.
Les vendanges ont «lieu» dans les meilleurs sites de l'ancien vignoble… Celui qui a le goût des vraies cartes, trouve, paraphant les courbes de niveau rapprochées des côteaux, «les vignes