Bruxelles va apprécier. Alors que depuis le 17 juillet, la Commission européenne exige de Paris des explications sur la politique française de prévention des algues vertes, le gouvernement vient d'adopter un décret en forme de tour de passe-passe et propre à mettre le feu aux poudres. Publié hier au Journal officiel, signé par le Premier ministre et les ministres de l'Agriculture et de l'Ecologie, il modifie et relève les plafonds d'épandage de lisier dans les exploitations agricoles.
Selon l'association Eau et Rivières de Bretagne, «ce décret va permettre d'augmenter de 20% les quantités d'azote épandues sur les sols». Or ces rejets d'azote organique, issu des déjections animales, qui se transforment en nitrates, forment le terreau des marées vertes.
Cours d'eau. Depuis 2001 et la transposition de la directive européenne sur la protection des eaux contre la pollution par les nitrates agricoles, les éleveurs bretons pouvaient épandre «jusqu'à 170 kilos d'azote organique par hectare de surface potentiellement épandable», explique Jean-François Piquot, porte-parole d'Eau et Rivières. Cette surface potentiellement épandable (SPE) est obtenue en excluant les zones vulnérables comme les bords des cours d'eau ou du littoral, ou les terrains trop pentus.
Le décret prévoit au contraire que la quantité d'azote pouvant être utilisée annuellement sera de 170 kilos, mais par hectare de surface agricole utile, ce qui permettra d'augmenter de 20% l