Une des originalités de l’école de pensée, qui s’est construite autour de la notion de «développement durable», est d’avoir posé dès l’origine le principe de responsabilité à tous les niveaux, de l’individu à l’insaisissable «communauté internationale». L’idée est en germe à Stockholm en 1972, dans les écrits de Hans Jonas dès 1979, et dans la première définition du développement durable en 1987. Elle s’universalise grâce au sommet de Rio en 1992.
En 1994, la charte d’Aalborg décline l’idée de responsabilité à l’échelon politique local : le mouvement des «villes durables» pose comme postulat que c’est dès le niveau politique de base, la commune, que les citoyens doivent agir et que leur action locale a un impact planétaire. C’est la version politique du fameux postulat formulé par René Dubos dès 1972 : «Penser global, agir local».
Plus personne n'ignore que «la maison brûle». Mais à force d'être répétée, cette réalité est devenue paralysante. La gravité de la situation, sans cesse détaillée, au lieu d'être mobilisatrice est vécue comme insurmontable. J'ai été frappé par la fascination morbide qu'a exercé sur tant de nos concitoyens, à rebours des intentions de l'auteur, le film Home de Yann Arthus-Bertrand : accablement face à la beauté dérangeante des images de destruction de notre Terre… Copenhague aura achevé d'éclairer les plus aveugles sur l'impossibilité de s'en remettre aux seuls accords internationaux : la solution ne viendra pas des grand-messes planétaires.