C'est en Belgique, dans les années 20, que la production d'amiante-ciment a commencé, avec la création de la première usine Eternit. C'est en Belgique que la consommation d'amiante, en kilos par habitant, a été la plus forte, jusqu'à son interdiction en 1998 (soit quinze ans après les pays scandinaves, et bien après les Pays-Bas, l'Italie ou l'Allemagne, deux ans après la France). Et «800 personnes meurent dans le royaume» chaque année d'avoir inhalé cette poussière blanche et cancérigène, selon l'Association belge des victimes de l'amiante (Abeva). Hier s'est ouvert à Bruxelles le premier - et le seul pour l'heure - procès intenté dans le pays par une «victime environnementale» contre Eternit.
Incurable. Françoise Jonckheere, mère de cinq enfants, a déposé plainte en 1999, lorsqu'elle a appris qu'elle souffrait d'un cancer de la plèvre, le mésothéliome, caractéristique de la contamination à l'amiante et incurable. Femme au foyer, elle habitait à une trentaine de kilomètres de Bruxelles, dans le Brabant flamand. A Kapelle, exactement, là où depuis 1923 Eternit avait commencé la production de toitures et tuyaux en amiante-ciment, avant de se développer partout en Europe. L'époux de Françoise, ingénieur durant trente ans à l'usine Eternit, était mort en 1987, à 60 ans, emporté en six mois par un mésothéliome. Françoise Jonckheere savait ce qui l'attendait. Alors elle a contacté un avocat et envoyé ses cinq fils se faire examiner. Tous avaient