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Libération
Interview

«L’urbanisation mondiale est irrépressible»

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Le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur présente les moyens à mettre en œuvre pour accompagner la croissance des villes :
publié le 1er novembre 2011 à 0h00

Jean-Pierre Sueur, sénateur (PS) du Loiret, se définit comme un «amoureux des villes». Chargé par la délégation à la prospective du Sénat d'un rapport sur le futur urbain de la France (1), il a dressé un panorama mondial de la croissance des cités au moment où la planète vient de franchir le cap des 7 milliards d'habitants.

Pourquoi avoir traité des villes partout dans le monde ?

J'ai pensé qu'il était très important de ne pas se cantonner à l'Hexagone, ni même à l'Europe. Dans mon rapport, des chercheurs ont fait des monographies de villes comme Téhéran, Damas, Helsinki, Wuxi [Chine], Buenos Aires, Los Angeles, Mexico, Le Caire, Tel-Aviv, Jakarta, etc. Il faut regarder un peu ce qui se passe dans le monde.

La réputation des villes, selon vous, est d’être le lieu de tous les malheurs…

Lorsqu’un crime est commis dans un village, il y a un criminel. Dans une banlieue, la banlieue devient criminogène. On impute à la ville tout ce qui va mal : la pollution, l’insécurité, l’hyperdensité, la promiscuité, les embouteillages… Mais les révolutions sont filles des villes. Ce qui se passe à Tunis ou au Caire, à Madrid ou à Athènes, se passe sur les places.

Aujourd’hui, 50% de la population mondiale vit dans les villes. Une proportion qui atteindra 65% en 2025. Certains disent qu’il faut empêcher les Africains de continuer à aller vers les villes. Voilà une belle idée de colonisateur ! Les gens veulent être là. Ce mouvement est irrépressible. Chaque jour, il y a 200 000 urbains de plus dans le monde. Une métropole. En France, tous les sept ans, la surface agricole qui disparaît équivaut à un département.