Barentsburg n’est pas seulement l’une des villes les plus septentrionales du monde. C’est un voyage dans le temps et l’espace, un fantôme de l’histoire, un vestige de l’empire soviétique figé dans le permafrost norvégien, au-delà du cercle arctique. 370 Russes et Ukrainiens vivent et travaillent dans cette colonie minière installée sur l’île de Spitzberg, dans l’archipel du Svalbard attribué à Oslo par un détour de l’Histoire. Au début du XX
e
siècle, des compagnies américaines, anglaises, suédoises, russes et norvégiennes sont venues là extraire le charbon, réputé être d’excellente qualité, notamment
pour la sidérurgie. En 1920, le traité du Spitzberg, signé à Paris, offre à la couronne norvégienne l’archipel du Svalbard sous deux conditions : l’interdiction de toute utilisation militaire du territoire et la possibilité pour les nations signataires d’en exploiter le sous-sol.
Barentsburg connaîtra alors des jours fastes. De 1960 à l’effondrement de l’URSS en 1990, jusqu’à 900 mineurs venus des républiques soviétiques vivent là avec leurs familles comme dans un petit village. Les salaires sont attractifs, la nourriture est gratuite, importée d’Union soviétique ou fournie par une ferme locale.
Immeubles vides et délabrés
Aujourd’hui, la Russie est le dernier pays à maintenir ici une colonie. Moins pour en tirer un bénéfice immédiat que pour devenir incontournable dans une région qui sera stratégique quand le recul des glaces ouvrira de nouvelles routes maritimes par l’océan Arctique. Mais l’unique