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Analyse

Eau : des puits en voie d’épuisement

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Une étude sonne l’alarme sur l’utilisation, dans certaines régions du monde, de l’eau «non renouvelable» pour l’irrigation agricole. Avec le risque de provoquer des crises alimentaires.
publié le 7 février 2012 à 0h00

«L'eau se mange plus qu'elle ne se boit.» Tous les agriculteurs le savent, même si cette formule lapidaire, mais toute de vérité, est issue d'un livre scientifique (1) de Daniel Nahon, spécialiste de l'agriculture en pays chaud, qui avance ce chiffre : 86% de l'eau utilisée par les hommes l'est pour l'agriculture.

Mais quelle eau ? A l'agriculture pluviale, les hommes ont ajouté depuis longtemps l'irrigation. Elle a permis d'augmenter les rendements et fait partie des préconisations des agronomes, en particulier pour les pays où l'agriculture ne suffit pas à nourrir la population. Mais cette «mise sous perfusion» des terres ne va pas sans problème, avertit Nahon. Leur salinisation, en raison d'une irrigation trop abondante, a probablement participé à des effondrements de civilisations, et continue de détériorer les sols agricoles à grande échelle.

Surtout se pose la question de la ressource. Il peut s’agir des eaux dites «vertes» ou «bleues» par les agronomes, celles des pluies, des cours d’eau, des lacs naturels ou artificiels ou des nappes phréatiques directement reliées aux pluies. Dans ce cas, nonobstant les caprices du climat, cette ressource se renouvelle, du moins si le soutirage ne dépasse pas cette capacité sur la durée. Tout change lorsqu’il s’agit d’eau non renouvelable, ou fossile, que l’on puise dans le sous-sol profond. Avec une accélération considérable ces dernières décennies, car les forages modernes permettent d’atteindre 2 à 3 km de profond