Il aura fallu qu’au-delà des Alpes, à Turin le 13 février, la justice condamne à seize ans de prison deux anciens actionnaires de la multinationale Eternit pour que l’on s’émeuve en France du blocage politique qui empêche tout procès pénal sur l’amiante depuis seize ans. Dernière - et ahurissante - illustration en date : le parquet a dessaisi en décembre la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy qui avait en charge, depuis sept ans, l’enquête sur la mort d’anciens salariés de la multinationale.
«Le dossier Eternit à lui seul, c'est 13 m3 de documents, commentait début janvier dans Libération Michel Parigot, le vice-président de l'Association nationale des victimes de l'amiante (Andeva). Le confier à deux nouveaux magistrats, dont l'un qui part en retraite et l'autre qui est en charge du dossier Mediator, cela revient à l'enterrer pour plusieurs années !» Pour le président de l'Andeva, Pierre Pluta, «tel que c'est parti, les victimes [3 000 morts chaque année en France, ndlr] seront à deux pieds sous terre que ce dossier n'aura pas encore été instruit ni les responsables de milliers de morts jugés !»
«Indépendant». De passage samedi à Paris, à l'invitation du Syndicat de la magistrature, le procureur de Turin, Raffaele Guariniello, a expliqué comment il avait réussi à obtenir la comparution et la condamnation des ex-grands patrons d'Eternit. Si cela a été possible, a-t-il expliqué, c'est «d'abord parce qu'e