L’atmosphère est tendue au Cameroun, dans le Ndian et le Koupé-Manengouba, deux départements montagneux et boisés du sud-ouest du pays. Le projet d’une société américaine, Herakles Farms, de planter 60 000 hectares de palmiers à huile suscite une vive polémique. Alors que les uns se réjouissent des 7 500 emplois promis par la compagnie, d’autres sont révoltés à l’idée de perdre leurs terres, attribuées pour un bail de 99 ans à Herakles. Des jeunes ont même tenté de bloquer les bulldozers de l’entreprise. Mais cette dernière ne renoncera pas à ses plans, tant elle a à gagner : la demande mondiale en huile de palme est en pleine croissance.
Pendant longtemps, c’est en Asie du sud-est que s’est concentrée l’industrie du palmier à huile, bien que cette plante oléagineuse soit originaire d’Afrique, où elle est majoritairement cultivée par de petits paysans. Désormais portées par les cours élevés de l’huile, et à cause de la réduction des surfaces en Malaisie, les multinationales du secteur se ruent sur les terres africaines. Malaisiennes, indonésiennes ou chinoises, elles ont obtenu ces trois dernières années des centaines de milliers d’hectares au Gabon, au Liberia, en république démocratique du Congo, en Angola, etc. Quant aux quelques industries déjà installées, elles augmentent leurs superficies.
ONG et experts s'inquiètent. «On n'est pas contre la culture du palmier à huile. Mais il ne faut pas qu'elle se fasse de manière anarchique et au détriment des populations, comme c