Que peut-on souhaiter aux dictateurs disparus, aujourd’hui six pieds sous terre ? Qu’ils y restent, éparpillés dans quelques panses de lombrics, lesquels sont sans cesse pourchassés par d’autres aveuglés, les taupes. Ici bas, Perrine Barthélémy, propriétaire du Moulin rouge, cette ancienne marbrerie sur les bords de l’Automne, décor de mon logis, et dont l’activité préférée consiste à entretenir un potager et quelques rosiers, ne voit pas d’un bon œil les monticules s’élever en multitude parmi son herbe grasse qu’elle tond frénétiquement dès le printemps venu.
Je lui ai confié un tuyau pour les inciter à tarauder des galeries loin de ses parterres : mettre des boules de naphtaline dans leurs ouvertures d’aération. Mais la taupe, sensible à cet antimite autant qu’aux courants d’air, revient pousser hors ses gâchis les malodorantes intruses. Il faut, jour après jour, biller les boules blanches. Excédées, les taupes finissent par déménager en d’autres sous-sols, car franchement, elles ont d’autres chats à fouetter. Ainsi le mien, Shams, lorsqu’il aperçoit un bout d’herbe trembler puis dégueuler d’un tas de terre fraîche, se précipite dessus, enfile un antérieur dedans, jusqu’au coude, tel un vétérinaire pratiquant fouille rectale sur un bovin. Ses griffes de rouquin des champs ramènent parfois le galérien du monde inférieur. Vous bénéficiez ainsi de sa dernière prise, immortalisée quelques heures après le forfait du greffier.
Dans le velouté de la fourrure, je n'ai pas réussi, ma