«Le droit maritime ne fait que couvrir une logique mafieuse !» Le président (PS) des Pays-de-la-Loire, Jacques Auxiette, est à la fois scandalisé et inquiet. Lorsqu'il découvre l'avis de l'avocat général et le rapport provisoire de la Cour de cassation que révèle Libération, le «citoyen ordinaire [qu'il est] aussi» a le sentiment de voir une nouvelle fois triompher toute l'organisation juridique de l'irresponsabilité dans la chaîne du transport maritime, longuement démontée et condamnée durant les deux procès de l'Erika. Surtout, il réinterprète, à la lumière de ces documents, les négociations secrètes qui se sont déroulées en 2011 chez Total et à Bercy, pour le paiement des dommages aux collectivités locales et associations parties civiles au procès.
Amendes. Pour comprendre, il faut remonter au 30 mars 2010. Ce jour-là, Total et les autres prévenus sont condamnés au pénal par la cour d'appel de Paris pour délit de pollution aux amendes maximum : 375 000 euros pour Total et Rina, l'organisme italien de certification des navires. Au civil, cependant, la responsabilité de Total en tant qu'affréteur n'est plus retenue, et c'est Rina qui doit indemniser le préjudice «matériel, moral et écologique», soit 203 millions d'euros. La majorité des dommages matériels, pris en charge par l'Etat en 1999, lui ont déjà été remboursés par Total. Restent 32 millions à payer. «Mais tout le monde savait et disait que Rina n'était