Au soleil matinal, sur le lit sec des feuilles d’un chêne, après avoir traversé le champ de blé, haut d’une cheville, et sauté le fossé, il a laissé la moitié de ses bois. Je les ai ramassés avant les rongeurs qui en sont friands. Cela porte bonheur.
C’est ainsi chaque année, les cerfs, par ici en forêt de Compiègne, impériaux, perdent leur christique empaumure. Une brève hémorragie suit. J’en vois quelques traces roses sur l’os poreux, blanc comme cierge et ceint d’un collier brun. Les nouveaux bois, d’abord enveloppés de velours repoussent en trois mois. En juillet, frotté contre les arbres, ce duvet tombera, et le cerf l’engloutira. Le jeune mâle, appelé daguet, voit l’initiale arme croître dès son premier anniversaire. Chaque année, un cor supplémentaire lui poussera sur cette «branche» principale baptisée merrain. Si par quelque mésaventure il se blessait les testicules durant cette période, ses bois s’en trouveraient ratatinés, difformes. Tout est dans la tête, à ce point que si on le castrait, ces mêmes bois tomberaient !
Le trésor découvert appartenait à un respectable garçon, grand douze cors. Bagarreur de surcroît : le sur-andouiller est fracturé quasiment à la base, ainsi que la pointe du milieu (dite chevillure). Les terminaisons au zénith de sa coiffe (les épois) sont émoussées. C’est un actif dans la fleur de l’âge.
En forêt, on ne les approche jamais mieux qu’à cheval, ce dernier lui semblant pacifique cousin. A l’heure où le soleil glisse de son échelle, j’aperç