Le réchauffement climatique qui a abouti à notre ère chaude, il y a 10 000 ans, doit beaucoup au gaz carbonique. C'est l'une des conclusions, sans surprise, d'un article de la revue Nature (1) de jeudi. Mais cette publication permet, pour la première fois, de détailler le scénario de la déglaciation, qui démarre il y a 21 000 ans, dans ses évolutions spatiales et temporelles. Elle éclaire notamment le rôle précis du gaz carbonique (CO2) dans ce processus, et son déclenchement par la mécanique céleste et l'insolation de la Terre. Vues de loin, les relations entre climat planétaire et concentration en CO2 dans l'atmosphère semblent simples. Plus il fait chaud, et plus il y a de dioxyde de carbone. Mais quelle est la cause et quel est l'effet ?
Énergie. Les climatologues pouvaient s'appuyer sur la physique de laboratoire pour répondre «les deux mon capitaine». Le gaz carbonique capte une part des rayons infrarouges émis par le sol et l'océan, bloquant leur énergie au lieu de la laisser s'échapper vers l'espace. Donc, il est cause. Mais il est aussi effet, car une planète plus chaude, en particulier les océans, émet plus de gaz carbonique vers l'atmosphère. Dans les enregistrements simultanés des températures et de la teneur en CO2, dans les glaces polaires, les montées et descentes coïncident : il est difficile de distinguer un décalage temporel qui signerait une causalité. Mais si la courbe du CO2