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Libération

Gâte-bois, saule qui peut !

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publié le 20 avril 2012 à 19h07

Entre cours d’eau et datcha, le saule marsault se portait comme un charme. Le printemps venu, j’aimais voir sa souple chevelure, mi-amande mi-argent, frémir sous la brise. L’on aurait dit une jeune femme blonde s’ébouriffant les cheveux après les avoir lavés. Les rayons solaires baignaient son feuillage tout en le coiffant d’un diadème féerique, halo mentholé. Il avait grandi auprès d’une carotte rouge censée mesurer le taux de pollution des rives de la rivière Automne. En sept ans, nul contrôle de la carotte de plus en plus rouillée. Ce beau garçon allait vers ses 30 ans. Dès le mois de mars, ses chatons blancs comme neige à la douceur incomparable changeaient d’aspect pour se fleurir d’un jaune mimosa.

Clafoutis. Des quatre grosses branches qui s'élançaient du tronc principal, l'une ne donna plus de bourgeons. Elle fut sciée. L'année suivante, deux autres se desséchèrent. Il avait la triste mine d'un centenaire. Assis à ses côtés, je m'en désolais lorsqu'une bête étrange chemina vers moi, chenille énorme, cuirassée, d'une dizaine de centimètres. Douze segments saumonés, sur le dôme desquels se trouvait une sorte de double croûte à la teinte cerise bigarreau, la composaient. Le deuxième segment, plus clair, avait un air de clafoutis, tandis que le premier était noir et chitineux. A l'avant, deux puissantes mandibules luisaient. Une fois son nom répertorié, cossus gâte-bois (cossus cossus), le doute fut levé, il était bien celui, aidé par frères et s