Le 26 mai 2010, tandis que les estimations officielles du flot de pétrole jaillissant du puits Macondo, au large de la Louisiane, étaient de 5 000 barils par jour, les ingénieurs de BP s’échangeaient en interne des messages faisant état de 15 000 barils par jour. Ce qui n’était encore qu’un vilain soupçon est en train de prendre corps dans une enquête de la justice fédérale américaine : BP aurait sciemment donné au public et aux autorités des informations sous-estimant gravement le flot de pétrole qui s’est répandu dans le golfe du Mexique après l’explosion de la plateforme de forage Deepwater Horizon, le 20 avril 2010.
«Obstruction». Un ancien ingénieur de BP, Karl Mix, 50 ans, a été arrêté mardi, accusé d'avoir effacé de nombreux messages échangés avec sa hiérarchie, ce qui constituerait une «obstruction à la justice». Le 26 mai 2010, tandis que BP tentait une procédure appelée «top kill» pour boucher le puits en le recouvrant de boues, cet ingénieur avait envoyé ce texto à un supérieur : «Débit trop élevé, plus de 15 000». Un message interprété par les enquêteurs fédéraux comme suggérant que la procédure top kill n'avait aucune chance d'aboutir, le jet s'échappant du puits étant trop puissant.
A cette date, les estimations publiques données par BP, mais aussi par les autorités fédérales, ne faisaient état que de 5 000 barils par jour s'échappant du puits. Ce n'est que le 27 mai qu'un «groupe technique» est mis en place pa