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Libération
Éditorial

Où va se loger le sacré ?

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publié le 1er juin 2012 à 19h06

C'est vieux comme le monde et ce n'est pas prêt de cesser. La profanation des peuples économiquement affaiblis - et réputés archaïques par d'autres dominants dits au top de la civilisation - fait partie de la panoplie sans frontières d'actes sauvages et racistes. Quelque chose qui relève du mépris de «l'héritage, de l'équilibre du monde, la substance vivante de notre commune humanité», écrit J.M.G. Le Clézio, décrivant l'attentat commis contre des Indiens du Mexique par le Canada pour s'approprier le sous-sol d'or et d'argent que les habitants méprisent. Eux sont épouvantés de voir leurs terres sacrées convoitées par des multinationales déjà fort riches. Mais où va donc se loger le sacré ? Impossible réponse puisqu'il est justement question d'un héritage propre à chacun tout autour de la Terre. «L'ordre social est un droit sacré, qui sert de base à tous les autres», dit aussi Jean- Jacques Rousseau, ouvrant une autre perspective, hors des bondieuseries et croyances que certains jugent d'un temps révolu pour s'autoriser à les détruire. Et s'attirer bien des tracas… du moins au cinéma. Dans Jeremiah Johnson, splendide western sociologique et écologique, des soldats américains piétinent sans états d'âme un cimetière indien. La violation va tourner au carnage. Idem pour le cauchemardesque Shining où Stanley Kubrick installe Jack Nicholson dans un palace construit sur un cimetière sacré et profané. En désespoir de cause, on rêve à la sagesse de