Menu
Libération
grand angle

La chute des Alpes

Article réservé aux abonnés
Les écroulements se multiplient dans la célèbre paroi des Drus. Effet du changement climatique ? Le géomorphologue Ludovic Ravanel a étudié 150 ans d’archives photographiques du site, situé dans le massif du Mont-Blanc.
publié le 5 juin 2012 à 19h06

Lorsque le pilier Bonatti s'est effondré, en juin 2005, dans la face ouest des Drus, noyant une partie de la vallée de Chamonix dans un nuage de poussière, le choc a ébranlé la communauté des alpinistes, bien au-delà des frontières françaises. La voie qu'avait tracée en solitaire l'Italien Walter Bonatti en 1955 - sublime chapitre de l'histoire de l'alpinisme - disparaissait à jamais. Plus de 260 000 m3 de roche s'étaient détachés, rabotant le relief de la face. Sept ans plus tard, tandis que le soleil réchauffe Chamonix entre deux averses de ce mois de mai pluvieux, Ludovic Ravanel se gare devant la petite chapelle du village des Praz. Juste en face du magnifique monolithe des Drus auquel le jeune géomorphologue a consacré sa thèse, réalisée au sein du laboratoire Environnements, dynamiques et territoires de la montagne, CNRS-Université de Savoie (Edytem). Sur la paroi qui surplombe la mer de Glace de ses mille mètres de raideur, il indique une énorme «cicatrice» : la forme du pilier disparu se lit encore là où le rocher grisâtre tranche sur la patine fauve du granit. «Les écroulements rocheux sont des phénomènes courants, observe le chercheur. Mais désormais, ils se multiplient.» Ainsi, 2 millions de m3 se sont décrochés en janvier 1997 de l'éperon de la Brenva, sur le versant italien du massif du Mont-Blanc. Et les Drus ont encore été remodelés par deux écroulements fin 2011. Mais l'annus horribilis reste 2003 et son été ca