La bête est morte, vide, indéfinie. Elle eut l’amplitude d’une taupe. Il ne lui reste que la fourrure et le cuir, un visage défiguré, une patte. Entrailles, chairs et os ont été boulottés. Pourtant, au sol, elle bouge encore, prise de secousses souterraines. Des mouches parcourent sa pelisse en pelure. D’autres arthropodes en costume de fossoyeur inspectent le cadavre. Bientôt surgissent de sous lui deux insectes en livrée de gala noir et abricot. Leurs élytres peinturlurés font bouclier africain. Ils dévoilent l’extrémité de leur abdomen ourlé de cils blonds. Ils sont ventrus, trapus, trottinent menu sur le déchet animal, et portent à l’apex de leurs antennes disposé en vasque une sorte de boulette à l’aspect de gingembre mariné.
C'est un couple de nécrophores communs (Necrophorus vespilloides) dont le job, croque-mort, et l'existence n'ont rien de commun. En soulevant l'infecte carcasse se découvrent deux autres coléoptères de même facture, en plein travail d'excavation. Les quatre, alertés par un odorat des plus fins, sont venus par la voie des airs sur le cadavre. Sans attendre, ils sont passés dessous pour creuser le terrain. Munis de pelles et de sécateurs pour trancher les racines, ils poussent leur remblai vers le pourtour du décédé qui, par son propre poids, s'enfonce en terre. Pour déplacer l'inerte masse comme ils l'entendent, les bestioles se mettent sur le dos et jonglent de leurs six pattes crochues et de leur robuste protothorax, sombre écu martelé. Lo