Pourquoi l'économie verte est-elle au cœur des négociations du Sommet de la Terre de Rio ? Pourquoi inventer un concept, alors qu'existe déjà celui de développement durable ? Les tensions se cristallisent depuis des mois autour de cette notion floue et ambiguë. Dès le début de la conférence préparatoire, vendredi à Rio, les négociateurs se sont écharpés sur ce point, l'Union européenne et la France le défendant, le G77 et la Chine le balayant. Pour ces derniers, «c'est un néolibéralisme, un capitalisme repeint en vert», résume Maria Fernanda Espinosa, ministre du Patrimoine de l'Equateur. Comme un écran de fumée, l'économie verte évite, à Rio + 20, de parler de nature, d'environnement, et de se confronter au bilan de vingt années de développement durable.
Secteur financier. Dans la prolifération d'événements organisés au Riocentro depuis mercredi dernier, pas même une demi-journée n'est dédiée à l'évaluation de la mise en œuvre du développement durable tel qu'il avait été imaginé au Sommet de la Terre de 1992. Seul Jeffrey Sachs, directeur de l'Institut de la Terre à l'université Columbia à New York, expéditif et lucide, a résumé le désastre : «On a perdu vingt ans.» Aucune des trois conventions signées alors, sur le changement climatique, la biodiversité et la désertification, «n'a atteint son but» et, dans ces trois domaines, «la situation a empiré». «Même si Rio + 20 n'a pas vocation à être une session de rattrapage