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Interview

«La bombe nucléaire s’apparente à une assurance-mort»

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Paul Quilès, ministre de la Défense de 1985 à 1986, prône l’abandon de l’arme nucléaire :
publié le 13 juillet 2012 à 21h16

Ex-ministre de la Défense de François Mitterrand de septembre 1985 à mars 1986, président de la commission de la défense de l'Assemblée nationale de 1997 à 2002, Paul Quilès déconstruit ce qu'il appelle les mythes de la dissuasion nucléaire française. Il vient de publier Nucléaire, un mensonge français (1), consacré au nucléaire militaire. Il va présenter une contribution thématique pour le prochain congrès du PS sur ce thème. Que Michel Rocard a accepté de signer.

Quels «mythes» du nucléaire militaire avez-vous répertoriés ?

Il existe une batterie d’éléments de langage qui revient régulièrement sur ce sujet. On mentionne souvent l’arme comme une «assurance-vie» pour le pays. En réalité, les assurances-vie ne servent qu’aux survivants, la bombe s’apparente plutôt à une assurance-mort. Et si c’est une assurance-vie, au nom de quel principe interdire aux autres pays d’en disposer ? On dit que la dissuasion interdit toute attaque nucléaire. Dans ce cas, pourquoi prévoir un coûteux bouclier antimissile, dont l’existence signe l’échec de la logique de dissuasion ? On nous dit que cet armement ne coûte pas cher. Il coûte 3,5 milliards d’euros par an ! Et il coûtera bientôt plus, lorsqu’il faudra renouveler des équipements comme les sous-marins lanceur d’engins. Cela fait beaucoup d’argent consacré à quelque chose qui n’est pas censé servir. Au niveau mondial, les dépenses devraient s’élever à 700 milliards de dollars ces dix prochaines années. Les défenseur