Le procès géant de l’amiante, qui s’est tenu à Turin de 2009 à 2012, le seul grand procès pénal dans ce drame sanitaire qui provoque chaque année des milliers de morts en Europe, va-t-il être annulé ? Cinq ans d’enquête, trois ans de procédure, 220 000 pages d’actes d’accusation, 6 000 parties civiles, 66 audiences et surtout des milliers de morts et de malades condamnés par la fibre cancérigène, tout cela pourrait-il être gommé ?
Milliardaire. C'est en tout cas ce que demande l'un des deux condamnés, Stephan Schmidheiny. Le milliardaire suisse, ancien patron de la firme Eternit, a déposé un recours en appel contre le jugement prononcé le 13 février. Ce jour-là, le tribunal pénal de Turin avait condamné cet important actionnaire d'Eternit Italie de 1976 à 1986 et le baron belge Jean-Louis de Cartier, actionnaire au début des années 70, à seize ans de prison et à des dommages et intérêts avoisinant la centaine de millions d'euros. Les juges ont estimé que les deux ex-copropriétaires de la multinationale de l'amiante-ciment étaient conscients des risques engendrés par la poussière blanche et avaient donc causé «intentionnellement» une «catastrophe écologique». En outre, ils ne s'étaient pas conformés aux mesures de sécurité dans leurs usines, causant la mort de plus de 2 000 ouvriers et habitants.
Les avocats de Schmidheiny, qui ont fait appel, demandent aujourd’hui l’annulation du procès. Selon eux, le tribunal n’était pas compétent. Ils fonde