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Récit

Fukushima : Les retombées sociales

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Des chercheurs étudient, chez les évacués, le trauma provoqué par l’accident nucléaire au Japon.
Des photos des rescapés du tsunami qui a précédé la catastrophe nucléaire, affichées sur un mur du centre culturel d’Ofunato, à 200 km au nord de Fukushima. (Photo Yasuyoshi Chiba. AFP)
publié le 20 septembre 2012 à 21h06

En matière d’accident nucléaire, la radioactivité frappe toujours deux fois. La première, lorsque les radioéléments échappés d’un réacteur endommagé se répandent dans la nature, infiltrent les sols et souillent les rivières. La seconde, lorsqu’elle pénètre la psyché humaine, qu’elle contamine la raison et catalyse les peurs. La radioactivité frappe ainsi deux fois, et longtemps.

Quelle est la perception du risque après un accident nucléaire ? C'est une des questions soulevées lors du colloque Risk After Fukushima, organisé à Paris en début de semaine par l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). A travers le projet Disaster Evacuation and Risk Perception in Democracies (Devast), l'équipe de chercheurs en sciences sociales «cherche à comprendre la perception du risque, notamment dans le cas d'une crise nucléaire, par essence différente des catastrophes naturelles bien connues de la société japonaise», explique François Gemenne, à l'origine de Devast. Si les autorités du pays sont rompues à la gestion des désastres naturels, elles n'étaient pas préparées à l'accident nucléaire. De même que les populations, esseulées.

Auto-évacués. Pendant plusieurs semaines, les chercheurs de l'Iddri sont allés à la rencontre des personnes évacuées, pour évaluer le kizuna, littéralement la valeur humaine du traumatisme, c'est-à-dire les impacts psychologiques de la catastrophe. Après le triple trauma du 11 mars 2011 (tsunami,