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Libé des géographes

La ville de Genève prend un tour urbaphobe

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En refusant, en septembre, la construction d’un bâtiment de onze étages, les habitants cèdent à une conception de l’urbanisme fondée sur la peur.
par Manouk Borzakian, Laboratoire Chôros de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne
publié le 11 octobre 2012 à 19h06

Lauréat d’un concours d’architecture, un projet de «tour» de onze étages - un de plus que le Home Insurance Building, premier gratte-ciel de Chicago, édifié en 1885 - devait voir le jour dans le quartier des Grottes, à Genève. C’était sans compter sur ses habitants qui, au nom de leur

«qualité de vie»

et d’

«une certaine conception de l’urbanisme»,

ont voté le 17 septembre en faveur d’un projet alternatif, un immeuble de cinq étages avec balcons. On a échappé aux 828 mètres et 162 étages du Burj Khalifa de Dubaï…

Anecdote ? Ce refus intervient dans un contexte difficile pour Genève, «petite» métropole d’un peu moins d’un million d’habitants à cheval sur la frontière franco-suisse, qui a connu, classiquement, une forte croissance démographique depuis vingt ans. La rareté des logements pousse à l’étalement, y compris en France (un tiers des travailleurs frontaliers sont suisses). Thrombose automobile garantie tous les jours.

Hostilité. La plupart des élus s'accordent sur la nécessité de créer de nouveaux logements. Quelques jours après le vote des Grottes, David Hiler, ministre des Finances du canton, annonçait pourtant à ses collègues français que Genève ne tiendrait pas son récent engagement à construire 2 500 logements par an. En cause, la «résistance du peuple genevois», d'après le ministre. La même semaine, toujours au nom de la qualité de vie, les élus de Chêne-Bourg, autre commune du canton, passaient outre les clivages politiques