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Libération
TRIBUNE

Nous, les anciens du Larzac…

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par José Bové, Michèle Vincent, Paysan du Larzac, Marizette Tarlier, Paysan du Larzac, Christian Roqueirol, Paysan du Larzac, Léon Maillé, Paysan du Larzac, Michel Courtin, Paysan du Larzac et Christiane et Pierre Burguière, Paysan du Larzac
publié le 27 novembre 2012 à 19h06

«Nous ne nous laisserons pas dicter une vision du monde qui n'est pas la nôtre», dites-vous, Monsieur le Premier ministre. Nous non plus, Monsieur le Premier ministre !

Car ce qui se joue autour du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes engage localement un choix qui concerne l’avenir de tous. Exactement comme ce fut le cas, dans les années 70, autour de la volonté d’extension du camp militaire du Larzac. Nous, paysans du Larzac, qui en fûmes les acteurs, pouvons en témoigner.

Nous disions à l’époque : «Le blé fait vivre, les armes font mourir.» Nos ami(e)s de Notre-Dame-des-Landes disent aujourd’hui : «Des légumes, pas du bitume.» Comme nous refusions la destruction de nos bergeries et pâturages, ils refusent la destruction de leur bocage et de leurs fermes.

Comme vous, Monsieur le Premier ministre, les décideurs du moment, Michel Debré en tête, vantaient les effets «bénéfiques» de l'extension du camp militaire pour l'économie et l'emploi. Ils croyaient dur comme fer à la revitalisation des territoires par des grands équipements structurants, moteurs économiques artificiels imposés d'en haut par des élus en mal de créativité. Comme vous, Monsieur le Premier ministre, ils fantasmaient un aménagement du territoire basé sur de grosses machineries, toujours plus coûteuses et mégalomaniaques, sacrifiant l'activité et l'environnement des populations locales. C'était bien une «vision», celle d'un progrès arrivant dans le sillon des tanks. La même que celle qui p