Nala est furieuse. La fontaine de la place de la Libération est inaccessible aux chats depuis que les employés municipaux l’ont décorée de guirlandes lumineuses pour les fêtes de Noël. A Varages, dans le Var, matous, cabots et humains se partagent les 13 fontaines alimentées par la Foux, une source généreuse. Les deux lavoirs continuent de tourner. A l’heure de l’apéro, c’est la ronde des pichets : 14 degrés en toutes saisons, la bonne température pour le pastis.
Bascule. Il est vrai que l'eau du robinet, elle aussi puisée dans la Foux, laisse une pointe de chlore sur la langue après traitement. «Je ne trouve pas», corrige Jean Milesi, un retraité de l'arsenal de Toulon, qui traverse la rue, une casserole remplie à ras bord dans la main. Jean a-t-il peur d'une grosse facture ? Absolument pas : à 2,50 euros le mètre cube d'eau, pas un Varageois pour se plaindre du prix. Boire à la fontaine, c'est simplement une habitude séculaire, comme la chasse en automne et les morilles au printemps. L'eau ne fait pas débat. Elle est publique, pas chère et puis c'est tout.
En 2001, le village se divise pourtant sur la qualité du service. Depuis dix ans, une filiale de la Lyonnaise des eaux, la Seerc, gère le réseau en délégation de service public. Le siège est à Aix-en-Provence, 42 kilomètres à vol d'oiseau, autant dire à l'autre bout du monde. «Ils n'investissaient pas. En cas d'incident, il fallait attendre des jours avant qu'ils intervienne