Alors que 90 % des ressources naturelles sont situées dans les pays du Sud, 97 % des brevets sur ces ressources sont détenus par des compagnies pharmaceutiques, agroalimentaires ou cosmétiques des pays du Nord. Comment mieux protéger la biodiversité et les populations locales qui en tirent leur subsistance, comment mieux partager les richesses produites par ces trésors naturels et les savoirs ancestraux qui les ont mis à jour ? Comment mettre fin à cette pratique que l’on nomme «biopiraterie» ?
Un des cas emblématiques de la «biopiraterie» concerne le neem (margousier indien), surnommé «l’arbre miracle» en Inde où il est utilisé depuis plus de deux mille ans pour ses nombreuses propriétés médicinales, qui ont fait l’objet, en 1990, de 64 brevets par des firmes privées, notamment le géant de l’agrochimie W.R. Grace. Cela a entraîné une augmentation de la demande de graines de neems, et la hausse des prix au-delà de ce que les populations locales pouvaient payer afi de poursuivre son utilisation. Le combat pour faire annuler ces brevets a pris dix ans avant que l’Office européen des brevets (OEB) annule celui de W.R. Grace et reconnaisse l’antériorité des savoirs traditionnels indiens.
Dans le domaine alimentaire, l'histoire du «haricot jaune» a lui aussi marqué les esprits. En avril 1999, Larry Proctor, citoyen des Etats-Unis, dépose un brevet pour une variété de haricot jaune («enola») cultivée depuis des siècles par les paysans mexicains et appartenant au domaine pub