«Ma terre, je l'aime. La dépolluer est un devoir. Je ne me vois pas partir et ne rien faire.» Près de deux ans après le triple désastre qui toucha, en mars 2011, le nord-est du Japon, Takao, ancien paysagiste de 47 ans, fait partie d'une brigade de décontamination qui officie dans la province de Fukushima. Dans le petit village de Date, situé à 40 km de la centrale nucléaire, son équipe vient de terminer son ouvrage : scalper un terrain et ébrancher les pins qui faisaient de l'ombre à une petite maison blanche. Les troncs désormais lisses sortent de la terre mise à nu pour s'élancer vers le ciel bleu roi, offrant un spectacle de désolation. Avant les travaux, le compteur Geiger affichait 3 microsieverts/heure, soit 26 fois la dose annuelle admissible par l'OMS (1 millisievert par an). Depuis, la dose a baissé, mais reste 10 fois supérieure à la norme.
Si les blessures du tremblement de terre et du tsunami cicatrisent grâce à la reconstruction, celles de l’accident nucléaire sont d’un autre genre. Villages, champs, bois et rivières, maisons et bâtiments publics… Tous ont été contaminés par un panache radioactif échappé de la centrale de Fukushima Daichi. Des radioéléments comme le Césium 134 ou 137 ont atterri sur la cime des arbres, les routes, les toits, les potagers… Comme à Tchernobyl en son temps, il faut décontaminer cette nature souillée avant tout retour potentiel.
Emmitouflés dans des combinaisons blanches, masques sur le visage, les liquidateurs sont les seul