«Déjà 37 fois inculpés, ils veulent liquider trois grands magasins. Une énorme spéculation foncière dévoilée.» Le titre sur les agissements «crapuleux» des frères Willot, propriétaires du Bon Marché, de la Belle Jardinière et d'Esders claque en une, en énormes caractères à côté de l'article annonçant la naissance du titre. Et le sujet fait l'objet de la quasi-totalité des pages 2 et 3. Un choix expliqué dans l'édito de page 4 : «La presse bénéficie d'importants ordres publicitaires venant des grands magasins et minimise systématiquement tous les mouvements sociaux qui peuvent s'y produire…» D'où ce dossier, composé d'une série de reportages sur le terrain, de photos, d'un portrait des quatre industriels roubaisiens, de témoignages de travailleurs à la veille d'un plan social censé supprimer 3 000 postes et permettre une juteuse opération immobilière. Et les preuves sont là : le dessin d'une tour d'une cinquantaine d'étages bâtie à l'emplacement du Bon Marché est présenté comme la «photo exclusive des projets».
Qu'en retenir aujourd'hui ? Le Bon Marché n'a pas disparu, même s'il a fait l'objet de nombreuses réductions d'effectifs, comme tous les grands magasins parisiens. Quant aux «quatre bandits», ils seront en effet condamnés à plusieurs reprises pour leur gestion. Leur empire - comprenant le groupe de textile Boussac, Conforama, Dior… - s'écroulera d'ailleurs au début des années 80 après une énième malversation. Après subventions, une p