Lohitzun, paisible village des Pyrénées-Atlantiques, semble à mille lieues de l’univers de la malbouffe. Il y a les pentes vertes sous les cimes blanches qui marquent la frontière espagnole, une bergerie pour 330 ovins, une étable pour 10 vaches et 43 hectares de terre classés en zone de montagne. Pull ras-du-cou, mains épaisses et le cheveu gris fraîchement tondu, Edouard Exilard, 45 ans, est à la course pour attraper un agneau dans la bergerie, qu’il exploite avec sa femme Pascale. Ce couple d’éleveurs est l’un des adhérents de la coopérative Lur Berri, propriétaire de l’usine Spanghero à Castelnaudary, au cœur de l’affaire des lasagnes à la viande de cheval.
Agrafé. A la pause, dans la cuisine, on évoque le scandale avec eux. Edouard Exilard fait un mouvement de la main par-dessus la tête, comme pour signifier son impuissance devant le monde tel qu'il tourne : «Lur Berri possède aussi les magasins Monsieur Bricolage.» Il ajoute que, selon les comptes de Lur Berri, «les placements sur les marchés financiers lui rapportent plus que la production de ses adhérents». Du coup, les époux ne s'étonnent guère qu'une coopérative aussi «éloignée du quotidien de ses coopérateurs» ait pu vendre du cheval comme étant du bœuf.
Il récapitule : il y a un numéro d'identification agrafé à l'oreille de chacune de ses bêtes. Puis deux boucles de repérage indiquant l'exploitation d'origine lors de la vente. Une puce électronique, a