L'environnement a ses criminels, ceux qui pratiquent sans vergogne déforestation sauvage ou trafic d'espèces protégées. Il a aussi une police dédiée, au sein d'Interpol, qui les traque à l'échelon international. Désormais, la pêche illégale est dans le périscope de l'agence qui se dote aujourd'hui d'une force pour endiguer ce fléau et les délits qui lui sont associés. Entretien avec David Higgins, directeur de Scale, le programme d'Interpol sur les atteintes à l'environnement.
Pourquoi s’intéresser à la pêche illégale aujourd’hui ?
Ce trafic génère un business de l'ordre de 25 à 30 milliards de dollars [de 19 à 23 milliards d'euros] chaque année. Il revêt différentes formes : bateaux qui pêchent illégalement dans des zones où ils ne sont pas autorisés à le faire, navires-usines qui mélangent des prises légales avec d'autres qui n'auraient jamais dû l'être, ou entreprises qui vendent des poissons trois fois plus cher en trafiquant les étiquettes… C'est très très vaste, d'autant que les poissons sont une «ressource globale partagée» : ils se trouvent sur le territoire d'un Etat à un moment donné, mais par nature n'y restent pas. D'où la nécessité de mettre un paquet d'informations en commun.
On imagine facilement que ces actes passent à travers les mailles du filet…
Les pêcheurs clandestins tirent profit de la faiblesse de la législation, de la mauvaise transmission d’informations d’une juridiction à l’autre, d’une insuffisante application des lois, du manque de ressources et de suivi, notamment dans les pay